Pensée du vendredi #22: Un enfant aujourd’hui, hier et demain – ou du bon usage de l’autorité paternelle

Je ne sais pas ce qui m’a pris…

Mais voilà, alors que je suis débordé de boulot [deux nocturnes cette semaine…], j’ai répondu par un long commentaire à une note sur le blog de Marcel Gauchet [vous savez, le fameux auteur du « Désenchantement du monde » ?… A ne pas confondre avec Mylène Farmer , hein…]

.

Bon bref, c’est fait. Et je me suis dit après coup, que ce serait un parfait sujet de Pensée du vendredi, ne trouvez vous pas ?

[NdUU: à ce stade, vous pouvez mettre Mylène sur « pause » pour lire la suite – ou non d’ailleurs… ;o)]

Je vous laisse juge:

« Le mot d’introduction me fait penser à un vieux débat [NdUU de la note sur le blog de Marcel Gauchet], entre les parts respectives de l’inné et de l’acquis pour un enfant.

Bien entendu que l’enfant n’est pas le même car la société n’est plus la même, et ainsi la part de l’acquis évolue en conséquence. Justement, l’enfant est désiré. Et il le sait. Très tôt en plus…

Cela dit, l’enfant reste toujours qq chose d’universel. Un processus biologique qui suit (pour l’instant) une voie immuable, mélange génétique du père et de la mère. Et dans une société donnée, dans un environnement culturel donné (un pays pour schématiser), son accueil est normalisé: il est soit célébré, vénéré (le fils en Chine…) soit « bienvenu » tout simplement (un parmi tant d’autres, au milieu d’une mortalité infantile galopante par exemple).

Et cette universalité, j’aurais tendance à vouloir croire qu’elle traverse les générations. Mais pas forcément les siècles (voir ma remarque sur l’acquis).

Quant à la remarque sur l’autorité, j’ai un doute. On (les pères…) peut tout autant « mieux aimer » ses enfants, participer à la vie familiale, faire la cuisine et tout autant garder des principes d’autorité (je ne parle pas d’autoritarisme, hein).

Si je peux me permettre, cela me fait penser à la perception erronée qu’ont les DRH d’aujourd’hui sur ces jeunes qui pensent AUTANT à leur RTT qu’à leur réussite professionnelle. Et oui, cela est possible. De la même façon, on peut être un « nouveau père » et faire preuve d’autorité. C’est en tout cas ma conviction. Sans pour autant nier qu’il peut exister de façon plus répandue qu’auparavant une perte d’autorité du père.

Je ne crois pas non plus à la nécessité du conflit pour construire une personnalité, et a fortiori pour rendre de futurs jeunes adultes heureux…

N’est-ce pas parmi les enfants de divorcés qu’on retrouve la reproduction du modèle parental, et donc du divorce de manière plus fréquente ?

Pour vous paraphraser, « plus je t’aime, plus je te donne confiance en toi, en la vie et ta capacité à devenir un être autonome en t’accompagnant. Et donc plus tu auras des chances d’être heureux ».

Pour finir sur une boutade: quel serait le rôle protocolaire de la première dame de France si cela devait être François Hollande. Questions maintes fois soulevées dans les médias mais la société s’y adaptera [la société est auto-adaptative, de manière endogène].

De nouveaux rôles sociaux sont ainsi à inventer. La perte de l’autorité du père n’est pas une fatalité négative non plus. Même si cela peut expliquer certains symptômes ou maux constatés dans la société française (celle des banlieues, peut-être ?).

Non ? »

Voilà.

Et bon ouik’ à toutes et à tous.

Be cool, be open.

UU

BonUUs enfantin: Choupi, dans le Gers samedi dernier – à l’anniversaire des 80 ans de son arrière grand-mère. Elle dort dans la poussette dans laquelle a grandi douce Marie, il y a maintenant quelques années…

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16 commentaires sur “Pensée du vendredi #22: Un enfant aujourd’hui, hier et demain – ou du bon usage de l’autorité paternelle

  1. On (les pères…) peut tout autant “mieux aimer” ses enfants, participer à la vie familiale, faire la cuisine et tout autant garder des principes d’autorité…
    “plus je t’aime….plus tu auras des chances d’être heureux”.
    On n’a aucun doute, on l’affirme. Bon ouikende à vous 3.

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  2. Je suis bien d’accord!
    L’important c’est de porter de l’amour à son enfant, de s’intéresser à lui à ce qu’il fait, de le soutenir et de l’encourager dans son développement…
    Je ne sais pas ce que c’est d’être un bon père et je ne crois pas que l’on puisse vraiment le définir, ou donner une recette miracle.
    Nous élevons notre fille en nous appuyant sur l’exemple de nos parents, sur les valeurs qu’ils nous ont transmises en veillant à lui donner autant d’amour que possible… et pour le moment elle semble heureuse de vivre et pleine de joie!

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  3. Oh la. Si c’était si simple….
    Plusieurs remarques personnelles – mais pas un avis définitif et exhaustif sur la question, moi aussi j’ai du boulot….;o)

    1) il n’y a pas que les parents pour « élever » les enfants (la famille au sens large, l’école, les copains, les parents des copains, la « rue », la télé, etc). Et tu ne sais jamais trop vraiment l’influence respective de chaque « influenceur ». Les parents pour les valeurs fondamentales, sûrement ? peut-être ? Je m’appuie là sur l’observation des grandes fratries, et de mes 3 enfants. Quelques fois, j’en entends 2 dire du 3° : « comment il/elle peut faire ça ? pourtant il/elle a été élevé/e comme nous ! »

    2) la vie n’est pas linéaire. Les comportements et préoccupations des parents dans le temps varient, les relations entre les parents varient, les gamins grandissent.

    3) Aimer, oui bien sûr. Franchement, je n’ai toujours pas de réponse simple à : comment aimer pour que l’autre *perçoive* cette volonté d’amour ? je veux dire : tu peux toujours aimer, encore faut-il que l’autre accepte, l’intègre, etc. Pour les petits enfants (disons….. avant la 5°), ça va encore. Des calins, des jeux, de l’attention, de l’écoute, etc, c’est *relativement* facile. Après ? plus dur. Une copine me soufflait souvent : « la recette c’est de faire confiance. Les ados ont surtout besoin de confiance. » Avec du recul, je crois qu’elle a raison.

    Alors, un enfant ? c’est que du bonheur…. alors 3…. je vous laisse deviner.

    Pardon UU d’être aussi longue, mais j’essaie tout ça depuis presque 30 ans maintenant, pas un seul jour sans questionnement sur « les enfants » et ça m’intéresse encore de *comprendre*.

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  4. « On (les pères…) peut tout autant “mieux aimer” ses enfants, participer à la vie familiale, faire la cuisine et tout autant garder des principes d’autorité »

    C’est exactement ce que fait jmesui… au quotidien!!!!!!!!

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  5. Je ne crois pas non plus à la nécessité du conflit pour construire une personnalité, et a fortiori pour rendre de futurs jeunes adultes heureux…

    Alors là, camarade, attends que ta Choupi aie 14 ans et tu changeras peut-être d’avis !
    Très sérieusement, je pense que les ados ont besoin de conflit pour se construire. Ou alors j’ai rien compris … 😦

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  6. Euh ben oui. Je parlais d’enfants là… Donc avant 14 ans ;o)

    Quant aux ados, sans conflit (larvé/explicite/refoulé/etc.), il ne peut devenir adulte. On est bien d’accord. C’est la définition même de la crise d’adolescence.

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  7. le couple UU/Choupinette étant hors jeu, quelques bémols parce que je suis née avec l’esprit de contradiction
    – un enfant désiré n’est pas forcément un enfant aimé – il suffit qu’il soit jugé décevant par rapport à la forte attente
    – pas de rapport entre proximité et faible autorité – voir les familles de marin où même en présence du père toute l’autorité vient de la mère
    – pour le couple Hollande/Royal ou Royal/Hollande l’âge des enfants règle le problème et même en réduisant le train de vie de l’état on doit pouvoir leur payer une femme de ménage/cuisinière

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  8. Aimer, c’est aussi savoir dire « non ».
    Il y a donc forcément autorité et forcément « conflit » – même si ce n’est plus le fouet d’autrefois.

    L’autorité prend d’autres formes, notamment la légitimité de « l’exemple », particulièrement importante pour les enfants.

    Etre soi-même ET attentif, cela n’est-il pas le résumé de toute l’éducation ? Cela n’empêche nullement de dire parfois « non ». Au contraire. Et pas par seul arbitraire.

    Merci de nous signaler par courriel tes nouvelles notes, c’est mieux que d’aller cliquer.

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  9. You will see my dear little bro. It is hard, actually impossible to be Dad and best friend at the same time. I’ve tried but unfortunately, at the end the Dad is always bigger.

    It is like to be in a relationship, it takes two to make it work, but how can you ask a child to be reasonable, understanding so actually it is much harder than marriage (IMHO). You have to be all you can be (like the US Army) and then wear different hats depending on the situation. Right amount of authority, love, bribe (yes, it works), reward, threat (works sometimes), punishment and only one thing at the time otherwise you risk to send a mixed signal.

    Looks like you have to have your own recipe. Previous ways (from our parents, grandparents) help but cannot be imposed, and each kid is different (wait for your next one to check yourself) but again, may be it is me. I’d rather be a Best Friend than a Dad (I am diverging from my Confutianist upbringing).

    We will see the results few years down the road. I hope the kids will enjoy hanging out with us rather than trying to dump us in retirement homes. That would be the proof that we raise them correctly.

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  10. Ze-Big-Bro il est trop tot pour parler de Dad and best friend en même temps. Là nous en sommes à l’amour pur d’un enfant pour ses parents. Le best friend s’y j’en juge par moi et mes soeurs ça marche très bien à l’adolescence entre père et fille, distance légère et ouverture d’esprit

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  11. Je suis ravie de lire des avis différents, en tout ou en partie, de celui de Marcel Gauchet, non qu »il ait absolument tort (et pis je ne suis vraiment pas une autorité ne la matière), mais je ne crois pas que sa perspective reflète tout de la nouvelle dynamique des rapports de notre époque (j’ai d’ailleurs émis un petit commentaire en ce sens sur ce blog-là).

    Envie d’ajouter ici ceci : je ne sais pas si le conflit est absolument nécessaire, mais je le crois quasi inhérent au processus de croissance. Toutefois, parler de conflit n’équivaut pas à parler systématiquement de drame, et pourtant c’est souvent cette connotation-là qui est le plus souvent rattachée au terme. Ainsi que Brigetoun l’a dit, un enfant désiré n’est pas nécessairement aimé, et pas non plus automatiquement bien aimé. Il faudrait d’abord s’assurer que le parent sache distinguer les besoins du petit des siens propres, et qu’il parvienne à respecter ceux de l’enfant au mieux. Ensuite, pour prendre conscience de soi, pour se connaître soi-même, il faut rencontrer de la résistance : c’est en se frappant à un mur qu’on sait que ce mur existe et qu’il n’est pas nous et que nous somme sun être différencié et réel (se frapper à un mur n’équivaut pas à dire lui rentrer dedans à 150km/hre non plus!).

    Par ailleurs, cher UU, je crois que pour que le père soit l’ami de son enfant, il doit jouer son rôle d’autorité, et que dès lors il ne peut faire l’économie de parfois représenter, aux yeux de son enfant, l’ennemi à abattre. Les parents savent [parfois] mieux que l’enfant ce dont il a réellement besoin, ce qui se distingue souvent de ce que l’enfant veut. Toutefois, si la capacité réelle (que je distingue de la seule volonté) de respect des parents de l’intégrité (en voie de développement) de leur enfant s’exerce avec un minimum de confiance, il me semble que les conflits éventuels ne tourneront pas au drame.

    Si ça vous dit, je vous incite à aller lire une réflexion très intéressante de Ramiel à laquelle j’ai d’aileurs réagi en parlant d’histoires de familles et donc, d’enfants :

    http://ramiel.fr.arviblog.com/article-130744-6.html

    Toujours aussi adorable, la ChoUUpinette!

    Bises.

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  12. Tout dépend en effet de l’intention que l’on veut mettre derrière le mot qui fâche ‘conflit’…

    Je suis parfaitement en phase avec une position nécessaire d’autorité (compatible avec l’amour filial), laquelle contribue à la construction de l’être enfantin en tant qu’être social par le biais de ces dits-conflits qui donnent une limite.

    Le rôle, parfois ingrat des parents, est bien de se poser comme cette limite à ne pas franchir.

    Finalement, Mariedan’ évoque la possible synthèse entre Marcel Gauchet… et moi ;o)

    L’idée est que je ne m’oppose pas à ce qui est repris dans sa note, mais voulais évoquer les subtilités individuelles (« la nouvelle dynamique des rapports de notre époque ») qui peuvent exister par rapport à une tendance peut-être majoritaire.

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  13. Pour l’anecdote: Douce Marie et moi avons serré hier la paluche à… Marcel Gauchet. ;o) On était à un dîner débat où il évoquait le sens d’ « être français » aujourd’hui. Passionnant orateur…

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