[J’espère que vous allez tous bien. Quelques nouvelles rapides: Je voyage plus que jamais. Hier tempête de neige à Istanbul. Ce matin, overbooking pour aller en Italie. J’ai passé quelques minutes au téléphone avec Jmesuilésspoucélacravat passke figurez vous que je suis passé par son aéroport. Malheureusement, je n’ai pu le croiser. Avec un peu de retard, Chuc Mung Nam Moi. Bonne année du Rat quoi. Et puis tant qu’à faire, Bonne Saint Valentin si vous le fêtez. Pour l’occasion, douce Marie et Choupi me rejoignent vendredi… à Venise ! La Dolce vita !…]

A l’arrivée, on est happés par la cohue.
Ca n’a l’air de rien mais tout est déjà différent.
Avant, à Saïgon ou ailleurs, on faisait de la moto, la tête au vent.
Depuis quelques semaines, le port du casque est devenu obligatoire.
C’est mieux bien sûr, mais rien n’est plus comme avant.
L’insouciance d’une enfance s’envole.
Laissant derrière elle ses blessures
Qui ne se referment pas pour autant.

Choupi fait encore la sieste dans sa poussette.
Des lampes en forme de lotus se balancent à la rampe d’un pont en bois.
Et la moiteur tropicale invite à ralentir sa respiration.
Les pores de ma peau s’ouvrent au bout de quelques heures
Comme ces fleurs qui attendent les premiers rayons du soleil pour percer leur bourgeon.
Ca y est… La sensation du retour au pays s’installe.
Pour qui ne l’a jamais vécu, c’est difficile à faire ressentir par des mots.
J’y suis né. Mais je n’y ai pourtant vécu que 4 ans .
A l’échelle d’un homme, ces premières années d’existence sont pourtant les plus essentielles.
Elles disent son origine. Et présagent de son avenir.

Visage pittoresque du Sud Viêtnam.
Dans le delta du Mékong et ce jusqu’aux premiers faubourgs de Saïgon, la vie se joue au dessus de l’eau.
Eau saumâtre mais pourtant nourricière.
Elle est aussi parfois le seul moyen de transport disponible.

Le lotus est un symbole hautement symbolique.
La fleur éclot au dessus de la fange, irradiant de sa pureté alors que sa tige est souillée.
Elle est fréquemment représentée par les bouddhistes.
Car son histoire est celle des hommes. De tous les hommes.
En chacun de nous peut germer la graine de sagesse qui nous apportera paix et sérénité.
Un jour, comme tous les enfants, Choupi nous demandera, à Sweet Mary et moi, de lui raconter son histoire à elle.
Ce jour là, je vous le prédis, on aura les larmes aux yeux.

On se fait des serments éternels.
On se promet tout plein de bonnes résolutions.
Et pour sublimer ce moment de grâce, on fait appel à un photographe professionnel.
Lequel vous met en scène des scénarios de série B.
« Là, sur la butte. Oui, c’est ça. Souriez vous en vous prenant par la main. Oui, c’est ça. Super ! Attendez, encore une autre… »
Le top… du kitsch.
Mais ne soyons pas rabat-joies…
Et souhaitons leur tout le bonheur du monde.

La culture viêtnamienne accorde une place de choix à la nourriture.
La question du repas est souvent au cœur de sempiternelles discussions familiales.
Ce jour là, on avait le choix.
Plus d’une centaine de plats typiques, en libre service et à volonté.
Représentant peu ou prou la galaxie gastronomique du Sud Viêtnam.
J’ai dû en goûter plus d’une trentaine sans pouvoir satisfaire ma curiosité culinaire.
[NdUU : Avez-vous vu ce magnifique film « L’odeur de la papaye verte » ? Un film où il ne se passe pas grand-chose – d’un point de vue occidental, s’entend, mais dans lequel une des scènes centrales – pour ne pas dire fondamentales – est une scène où on prépare une cuisine familiale].

Le soleil se couche tôt.
17h30 et c’est la nuit.
Des lampions s’allument sur la rivière.
Nous rentrons à l’hôtel.
Déjà heureux de ces retrouvailles en famille.
Big Bro’ est là, avec sa femme et ses enfants.
Soeurette aussi, avec son mari et ses enfants également.
Ba Man (*) étaient déjà arrivés depuis plusieurs semaines.
Seul manque à l’appel de cette réunion familiale mon frère du Canada.
Mais il avait un mot d’excuse : Choupi vient d’avoir une nouvelle cousine, d’à peine quelques mois…
Be cool, be open.
UU
(*) Papa Maman, en viêt [du Sud].